Si Keeper n’est pas directement réalisé par l’inénarrable Tim Schafer, sa lumière éclaire tout le projet. Le fondateur et patron de Double Fine veille toujours à insuffler l’ADN du studio : celui de l’expérimentation, de la poésie et d’un certain goût pour l’étrange. Ici, c’est Lee Petty qui tient la barre de la direction artistique et du design mais Schafer a accompagné le jeu dès ses premières présentations. Il défend Keeper comme une « aventure atmosphérique avant tout », un jeu où l’émotion et la curiosité priment sur les mécaniques traditionnelles. Sous sa houlette, Double Fine continue d’explorer des expériences plus modestes mais toujours inventives, preuve que, même sans casque psychique, la magie de Psychonauts brille encore dans la lumière du phare de Keeper.
Non ce n’est pas Phare Cry
Laissez-moi vous planter le décor : un phare mystérieux posé au bord de l’abîme, un oiseau étrange compagnon de route, des panoramas féeriques, des couleurs qui bousculent la rétine. L’ambiance sonore, quant à elle, soigne le moindre bruit d’écume, le souffle du vent, le mécanisme du phare.
Dès les premiers pas dans Keeper, on ressent totalement la volonté de Double Fine de nous proposer une balade et un rêve éveillé plutôt qu’un jeu d’action classique. On ne nous arme pas, on ne nous mène pas à l’affrontement. Au contraire, on nous invite à observer, explorer, coopérer avec les éléments. Et non, on ne contrôle même pas la caméra.

Les sirènes du phare d’Alexandrie
D’un point de vue purement technique, il est clair que Keeper n’est pas un AAA qui a bénéficié de millions de dollars en développement. Malgré tout, je vous mets au défi de prendre une seule capture d’écran qui ne soit pas magnifique ! En effet, le jeu compense largement par sa direction artistique et son ambiance sonore soignées, d’une richesse à même de nous scotcher sans cesse. Les jeux de lumière, les contrastes, les textures, parfois psychédéliques, souvent oniriques, sont toujours inspirés. Tout est pensé ici pour que l’écran reste épuré, sans interface intrusive, sans texte et pour que chaque mouvement, chaque son, chaque faisceau de lumière parle de lui-même. Aucun écrit, aucun dialogue, aucun doublage, aucun sous-titre ne vient nous perturber, à l’exception de quelques indications faisant office de tutoriel et qu’il est possible de désactiver. Le silence, ou presque, domine. On ressent, on interprète… C’est rare, c’est pur.

So phare so good !
Vous l’avez sans doute compris mais Keeper est un jeu d’aventure atmosphérique, linéaire dans sa structure mais riche dans ses panoramas et ses escaliers de lumière. On progresse en résolvant des énigmes, toujours basées sur la coopération entre le phare et l’oiseau, et sur l’usage thématique de la lumière. De la plateforme, discrète et dosée, est également présente : un escarpement ici, un saut là, toujours pour varier le rythme, jamais pour frustrer. Certes, les premiers instants bousculent : on titube, on tâtonne, on ne sait pas où aller. Mais progressivement, le rythme s’installe, on comprend les ressorts et on entre dans le tempo du jeu.

Le phare à on
Pas de véritable ennemi, pas de game over. L’échec ne s’inscrit pas dans le jeu : on ne perd pas, on ralentit, on tâtonne mais on avance toujours. L’absence de dialogue, de texte ou de narration explicite peut désorienter au début mais il faut s’abandonner à l’image, au son, à l’émotion. Le jeu dure environ 8 heures, ce qui est parfait pour une expérience contemplative mais ceux cherchant du défi ou de la rejouabilité n’y trouveront pas leur compte.

C’est le phare west !
Le jeu se divise en chapitres, bien identifiés et permettant de marquer des étapes visibles. La deuxième moitié de l’aventure innove : je ne révèlerai pas en quoi pour ne pas gâcher la surprise mais sachez que Double Fine parvient à renouveler les mécaniques, les déplacements ainsi que l’usage des environnements pour toujours nous surprendre et pour que nous ne perdions jamais la sensation de découverte. Pour ce test, j’ai volontairement choisi d’inclure uniquement des captures d’écran de la première partie du jeu mais soyez assurés que ce qui suit ne déçoit pas non plus.

Keeper
📝 Conclusion
Keeper est une expérience audacieuse, douce, presque fragile, un phare dans la nuit du jeu d’aventure contemplatif. Il brille précisément parce qu’il ose la simplicité : pas de combats, pas de dialogues, juste une lumière, un oiseau, un phare, un souffle. C’est un jeu pour ceux qui aiment se perdre dans une atmosphère, pour ceux qui acceptent d’être guidés par la lumière, pour ceux qui n’ont pas besoin de mots pour ressentir. Si vous cherchez action, scénario complexe ou gameplay exacerbé, ce n’est pas ici que vous trouverez votre compte. Si en revanche vous recherchez une promenade onirique, un rêve visuel éblouissant, une émotion pure, une respiration salvatrice entre 2 jeux blindés d’adrénaline, alors Keeper vous tend les bras. Sérieusement, ils nous font incarner un phare ?!
✅ Points positifs
- Direction artistique splendide et ambiance visuelle immersive
- Atmosphère sonore remarquable : le son devient un personnage à part entière
- Énigmes ingénieuses et jamais fastidieuses, fondées sur l’interaction phare-oiseau et la lumière
- Une seconde moitié d’aventure qui surprend et renouvelle les sensations
❌ Points négatifs
- Durée de vie assez courte pour ceux qui cherchent plus qu’une balade contemplative
- Absence de textes et dialogues : une force mais aussi un frein selon les goûts
- Premiers instants déroutants en termes de contrôles et de progression
👨💻 Développeur : Double Fine
🏢 Éditeur : Xbox Game Studios
📅 Sortie : 17/10/2025
🎮 Plateformes : Xbox Series, PC
🧪 Testé sur : Xbox Series X
🎁 Code fourni par l’éditeur